Bien loin des polémiques, l'Iran familial de l'auteur "à distance de cousines".
« J’ai perdu la photo. La seule photo que j’aie jamais faite que je trouvais vraiment belle. Perdu. Mais je m’en souviens très bien. Je suis derrière Shirin, elle marche au devant d’un paysage immense. La poussière voile les reliefs, la lumière est pourtant intense, la montagne érodée, et le foulard de Shirin tombé sur ses épaules, elle a les bras légèrement ouverts, les paumes aussi, la tête renversée. Elle avance contre le vent. Je prends la photo que je perdrai plus tard.
C’est l’été aux alentours de Téhéran. Shirin a 22 ans. Selon le terme en usage ici, c’est une enfant de la Révolution. Elle est née en 1979. Son frère, Fereydoun, est né quatre ans plus tard, un enfant de la guerre. Je suis née entre eux. Ailleurs. En Occident. Shirin de la Révolution et Fereydoun de la guerre, je les ai regardés, reçus, visités, perdus, retrouvés. Aimés. Nos enfances menées parallèlement ont ébranlé ma trajectoire. Nous sommes cousins. »
Regard sensible posé sur l’Iran intime, celui où se mêlent les histoires d’adolescentes amoureuses et où la vie avance en dépit des vents parfois hostiles, ce récit d’Émilie Talon est une immersion littéraire dans la vie quotidienne iranienne, dans cette famille de l’auteur qui vit sur des terres à mi-chemin entre réalité et légende.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Ancrée au pied des Alpes mais nourrie d’interculturalité et de correspondance avec une famille franco-iranienne partie s’ancrer en Iran, Émilie Talon a séjourné au Portugal et en Tunisie. Parallèlement, elle a voyagé à travers les langues, l’alphabétisation, l’enseignement du FLE. Elle a travaillé dans le journalisme ainsi qu'en librairie. Aujourd’hui, elle est correctrice pour différentes maisons d’édition et arpente les manuscrits des autres. La paupière du jour est son premier livre.